Maman disait de moi que j’étais un ange.
Un ange tombé du ciel.
Mais les anges qui tombent ne se relèvent jamais…
Je connais l’enfer dans ses moindres recoins.
Je pourrais le dessiner les yeux fermés.
Je pourrais en parler pendant des heures.
Si seulement j’avais quelqu’un à qui parler…
Tama est une esclave. Elle n’a quasiment connu que la servitude. Prisonnière de bourreaux qui ignorent la pitié, elle sait pourtant rêver, aimer, espérer. Une rencontre va peut-être changer son destin…
Frapper, toujours plus fort.
Les détruire, les uns après les autres.
Les tuer tous, jusqu’au dernier.
Gabriel est un homme qui vit à l’écart du monde, avec pour seule compagnie ses démons et ses profondes meurtrissures.
Un homme dangereux.
Un matin, il découvre une inconnue qui a trouvé refuge chez lui. Une jeune femme blessée et amnésique.
Qui est-elle ? D’où vient-elle ?
Rappelle-toi qui tu es. Rappelle-toi, vite !
Parce que bientôt, tu seras morte.
Genre : Thriller
Parution : Belfond – 29 mars 2018
Mon avis :
Les romans de Karine Giebel font partie de ceux qui vous retournent le cerveau et les tripes, de ceux qui vous font faire des nuits blanches, vous poussant à les dévorer jusqu’aux premières heures du matin, mais aussi qui vous dérangent, qui vous poussent à avoir envie de hurler ou de vous rouler en boule quelque part. Toutes blessent la dernière tue, c’est un savant mélange de tout cela et je dois dire que cette lecture ne m’a clairement pas laissé indemne puisqu’à sa suite, je n’ai rien pu lire pendant près de 2 semaines. Ce roman m’a bouleversé et touché comme aucun autre, il m’a révolté, m’a donné envie de hurler, de pleurer, de faire réagir ceux qui se cachent derrière des « On ne savait pas… » un peu coupable. Ce roman, c’est un coup de poing dans l’estomac, c’est un coup au cœur et c’est probablement le meilleur roman de Karine Giebel.
Toutes blessent la dernière tue nous raconte l’histoire de Tama, vendu par sa famille à une femme sans pitié et probablement sans cœur pour quelques euros, dans l’espoir de lui offrir une vie meilleure en France. La réalité, loin du tableau dépeint par Mejda, est toute autre puisque Tama sera en réalité une esclave au sein d’une riche famille parisienne où les maltraitances vont pleuvoir et où la petite fille ne deviendra plus que l’ombre d’elle-même et grandira dans des conditions sordides, passant de famille en famille, n’ayant plus aucune existence propre.
Autant vous le dire tout de suite, cette lecture est extrêmement DURE. Elle fait mal, elle choque, elle appuie exactement là où ça fait mal et elle titille notre sens de la révolte. On s’interroge sur la brutalité du monde dans lequel on vit, on a envie de croire que ce genre de choses n’existe pas vraiment, que ce n’est que de la fiction… Sauf que non. Non, ce n’est pas que de la fiction et c’est toute la force du roman de Karine Giebel : son réalisme insoutenable qui nous tord les tripes et nous donne envie de pleurer. De fait, je suis passée par tellement d’émotions avec ce titre qu’il est difficile de toutes les lister, mais si vous me connaissez, vous savez combien les droits de l’enfant (et de l’Homme d’une manière générale) sont importants pour la juriste que je suis. Alors je n’aurai de cesse de dire que ce roman est important parce qu’il parle avec justesse d’esclavage moderne et que forcément, il m’a plus touché que n’importe quel autre roman.
Je me suis par ailleurs tellement attachée à la petite Tama que j’ai fini par avoir l’impression de vivre sa souffrance. Je n’ai pas eu envie de comprendre ses bourreaux, j’ai eu envie de les condamner. J’ai été admirative de voir que Tama a su pardonner à certains, comme je lui en ai voulu d’être aveugle pour d’autres. J’ai été fière de la voir évoluer, sortir de cette terrible condition, et en même temps j’ai été attristé de comprendre qu’elle sortait d’une prison pour entrer dans une autre. Et finalement… J’ai pleuré en arrivant à la fin du roman. Pleuré toutes les larmes de mon corps parce que l’histoire ne pouvait se finir autrement, mais que j’ai tout de même eu le cœur brisé.
Toutes blessent la dernière tue est tellement plus qu’un coup de cœur, mais aussi tellement plus qu’un simple thriller. Il est extrêmement travaillé, construit, réaliste et dénonce avec brio une situation qui existe encore aujourd’hui, en 2018, quand bien même on ne veut pas y croire. Ce titre m’a rappelé la période où j’écrivais mon mémoire et où je me suis confrontée aux violences subies par les enfants dans le monde, mais cette fois en me faisant vivre l’histoire dans mon propre pays. Et c’est pour cela qu’il est si important : parce qu‘il dénonce merveilleusement en appuyant exactement là où les choses font mal et pour ça, merci Karine Giebel d’avoir écrit un tel titre qui raconte l’histoire de toutes les petites Tama qui vivent cet enfer.
2 commentaires
Karine Giebel est une auteure que j’ai vraiment envie de découvrir!
Si tu la découvres, je te recommande vivement Juste une ombre ou Terminus Elicius, ils sont moins violents et comme ils sont plus anciens, ils te permettront de mieux apprécier l’évolution du style de Karine Giebel ^_^